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I ORIGINS

Un film de Mike Cahill

Quand la découverte bouleverse les certitudes

Cherchant à trouver le moyen de générer, par manipulations génétiques, un organe visuel chez des organismes non voyants, un jeune chercheur vit un drame personnel et se retrouve des années plus tard confronté aux conséquences inattendues de la création d’une base de données mondiale de scans rétiniens…

L’auteur de "Another Earth" nous revient avec un film d’anticipation, mêlant drame intimiste et réflexion universelle sur les conséquences de la recherche scientifique. Difficile de raconter les enjeux du film sans en dévoilant l’un des événements majeurs, qui survient au bout d’une demi-heure de récit. La construction du récit en deux parties clairement distinctes, correspondant chacune à des situations de vie privée totalement différentes pour le personnage principal, donne tout son sens à cette œuvre singulière aux aspects philosophiques des plus troublants.

Sur la base d’un scénario redoutable d’efficacité, jouant d’abord sur les cordes du hasard de la rencontre (voire du destin, avec le fameux chiffre 11) et de la part de prétention des expérimentations menées par des scientifiques se prenant pour des créateurs, le film pose très vite, par une belle parabole sur des animaux ayant moins de sens que les cinq dont disposent les humains, la possibilité d’éléments dans le monde que nous ne pouvons appréhender (faute d’un sixième sens) et par ricochet de la croyance en un « Dieu ».

Puis, après une ellipse de sept ans, dans un retournement du questionnement, reprenant pour racine la recherche scientifique, il dessine une hypothèse capable de bouleverser en chacun toute croyance. Intelligemment, le long-métrage joue sur le désir de chacun de voir en l’existence un sens profond, avant comme après la mort. D’un traitement plutôt clinique dans ses décors, "I Origins" développe un trouble autour du concept d’incertitude et du désir de croire, ceci grâce à des personnages incarnés avec une infime délicatesse, le scénario évitant toute dramatisation à l’excès. Au final nous avons là un conte moderne brillant, dont les tenants et aboutissants, ainsi que l’émotion diffuse, vous hanteront pendant longtemps.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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