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FONZY

Un film de Isabelle Doval

Mon père, ce héros !

Adolescent attardé vivotant entre combines foireuses et livraisons de poissons, Diego passe ses journées dans l’insouciance. Mais lorsqu’un avocat se présente un matin chez lui pour lui annoncer qu’il est le père de 533 enfants, son quotidien en est à jamais chamboulé…

Plutôt habitué à jouer les trublions hystériques dans tout ce que le cinéma français lui propose comme comédies, José Garcia s’était déjà essayé à l’exercice du contre-emploi, pour un résultat allant du passable ("Le Couperet" de Costa-Gavras) au très bon ("Extension du domaine de la lutte" de Philippe Harel). Mais c’est dans un registre moins aisé, entre comédie et émotion, que l’acteur se retrouve aujourd’hui, dirigé à nouveau, dix ans après le plutôt bon "Rire et Châtiments", par sa femme, la talentueuse Isabelle Doval.

L’auteur de ces lignes n’ayant pas vu "Starbuck", le film québécois dont ce "Fonzy" est un premier remake (en attendant la version américaine, "Delivery Man" avec Vince Vaughn), il se contentera donc de n'évoquer que film en lui-même. Et quel film ! Apportant un point de vue féminin à cette incroyable histoire, Isabelle Doval nous offre un authentique conte de la paternité, déclinée ici en plusieurs personnages, du père en devenir (José Garcia) au « papa-ours » abandonné par sa femme (Lucien Jean-Baptiste), en passant par le père accompli (formidable Gérard Hernandez) et ses fils, chacun ayant son mot à dire sur une thématique rarement abordée par le cinéma français.

Récit du père, donc, mais pas seulement, Isabelle Doval ayant l’excellente idée de donner la parole aux enfants du personnage de Diego, apportant un éclairage bienvenu sur ces enfants IAD (pour « Insémination avec donneur anonyme ») et leur quête perpétuelle de reconnaissance et d’identité. En ne négligeant pas leur histoire, traitée avec autant de sérieux et d’humour que l’intrigue « principale », Doval apporte l’émotion et le réalisme nécessaires à une histoire déjà bien allumée.

Drôle quand il faut l’être, émouvant quand il se le doit, "Fonzy" est surtout l’occasion pour José Garcia de livrer sa meilleure interprétation, bien entouré, il faut dire, par une brochette d’acteurs excellents, la sublime et géniale Audrey Fleurot en tête. Mis en scène avec une précision qui fait d’ordinaire cruellement défaut à la comédie française (voir cette caractérisation des personnages par les décors et les interactions), "Fonzy" ne sombre jamais dans la vulgarité ou le pathos, mais préfère se situer en les deux, en un équilibre aussi fragile que bienvenu. Et apporte la preuve que quand il s’en donne les moyens, le cinéma français peut se sortie de sa torpeur.

Frederic WullschlegerEnvoyer un message au rédacteur

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