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L'ENNEMI DE LA CLASSE

Un film de Rok Bicek

Un drame psychologique passionnant et efficace

Le suicide d’une jeune fille pousse immédiatement ses camarades de classe à rejeter la faute sur un nouveau professeur dont la discipline exacerbée avait créé de nombreuses tensions dans l’établissement scolaire. Ce drame plonge les protagonistes dans une situation progressivement incontrôlable…

Pour son premier long métrage en tant que réalisateur, Rok Bicek a décidé de s’inspirer d’un traumatisme adolescent, celui du suicide d’une de ses camarades de classe, qui avait vu l’ensemble des élèves se retourner contre un corps enseignant jugé trop sévère. Le cinéaste reprend ainsi le même postulat de départ, avec le suicide d’une jeune fille qui va raviver les tensions qui avaient suivi l’arrivée d’un nouvel enseignant particulièrement pointilleux sur la discipline. Ce drame sera alors l’occasion pour le metteur en scène d’interroger les spectateurs sur le rôle de l’école, sans pour autant dénoncer un modèle éducatif. Refusant d’être moralisateur, le film soulève subtilement de nombreux questionnements sur le laxisme scolaire, mais également sur des générations actuelles d’adolescents en conflit permanent avec l’autorité.

Dans l’atmosphère oppressante des murs de ce lycée slovène, cette chronique psychologique se veut une réflexion sociétale polymorphe, traitant aussi bien des institutions que de l’humain et esquissant une autopsie d’un pays possédant l’un des taux de suicide les plus fort au monde. Ambigu et anxiogène, le film, de par sa construction simpliste (une enseignante maternaliste est remplacée par un professeur austère à la discipline militaire), délivre un message qui prend aux tripes, incroyablement puissant et poignant, car universel. Si le métrage s’essouffle quelque peu sur sa fin, il parvient à maintenir un suspense haletant, notamment par son ambiance étouffante qui laisse présager le pire à tout instant.

Aidé par un casting impressionnant, « L’Ennemi de la classe » souffre tout de même d’une mise en scène trop mécanique dont les tics esthétiques (les plans très serrés notamment) et les redondances peuvent éloigner le public du propos. Mais la rage qui anime ce premier essai finira pas nous emporter, nous faisant oublier les quelques défauts notables. Surtout, il laissera les spectateurs dans leurs propres réflexions sans nous apporter les réponses. En refusant la pensée réactionnaire, le réalisateur s’empare de la puissance évocatrice du cinéma pour transcender son sujet et amener les gens à méditer, les transformant en acteurs de son expérience cinématographique. Un coup de force !

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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