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EL SOÑADOR

Un film de Adrián Saba

Une fiction qui ne prend pas des airs de réalité

Un petit criminel péruvien cherche à fuir la violence de son quotidien. Pour cela, il se laisse aller à des rêveries de plus en plus fréquentes où il est enfin protégé et aimé par Emilia. Mais très vite, la frontière entre rêve et réalité devient floue...

Sebastian, surnommé Chaplin à cause de son mutisme, est un jeune délinquant qui commet des braquages avec son groupe d’amis. Il baigne dans un univers froid et violent, jusqu’au jour où il rencontre la sœur d’un de ses amis, Emilia. C’est alors qu’il commence à s’échapper de la réalité en fantasmant sa relation avec la belle.

"El Soñador" illustre la misère sociale mais surtout affective de ce jeune garçon sans famille que même ses soi-disant amis ne côtoient que par intérêt (puisqu’il a un talent certain pour forcer les serrures). Certains autres de ses compagnons fuient leur quotidien en fumant des joints, mais pour Chaplin cela ne suffit pas. Lui, se crée une sorte de réalité alternative, aux paysages merveilleux, où il est enfin heureux et aimé.

On pourrait être tenté d’attendre beaucoup de ce film qui, de par son thème, a matière à nous transporter. Pourtant, malgré un travail esthétique certain, l’histoire laisse relativement indifférent. Adrián Saba nous propose un univers aux teintes tour à tour bleutées, vertes et rouges et le spectateur est immergé dans ces différentes atmosphères. Cependant, la lenteur de la narration, qui pourrait pourtant sublimer le film, nous empêche de véritablement plonger dans cette histoire. On apprécie la beauté des images, on salue les choix musicaux, mais on regrette de ne pouvoir s’attacher aux personnages bien que l’on note toutefois un réel effort dans la construction de certains d’entre eux. C’est le cas pour Samuel, l’un des deux frères d’Emilia, qui oscille entre tempérance et désir de vengeance quand son frère meurt des suites d’une bagarre avec Chaplin. Au final, "El Soñador" constitue un bel écrin mais qui reste malheureusement trop vide.

Lucie GaillardEnvoyer un message au rédacteur

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