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DÉGRADÉ

Un huis-clos braillard et généreux mais un peu trop léger

Le lion du zoo de Gaza vient d’être volé. Le Hamas décide de représailles immédiates. Un salon de coiffure va alors se retrouver en plein cur de la zone d’affrontement…

Gaza, une poudrière aux enjeux politiques et économiques maintes fois traitée au cinéma. Néanmoins, si le conflit israélo-palestinien a été l’objet de très nombreux films, beaucoup moins se sont attaqués frontalement au Hamas, et encore moins se sont interrogés sur le sort de la population. C’est précisément à cette partie humaine que le film s’est intéressé, au travers de portraits de femmes comme panorama d’une société profondément polymorphe et diversifiée. Le postulat de départ s’inspire de faits réels, à savoir un événement qui avait vu une famille armée les plus influentes de Gaza voler un lion en guise de symbole de sa puissance, avant de subir les représailles du Hamas dans un bain de sang. Mais au lieu de nous plonger au cur des tirs de fusils d’assaut, la caméra nous invite dans l’intimité d’un salon de beauté.

Ces femmes exubérantes et passionnées vont alors exalter leurs différences pour mieux faire écho à la situation de leur ville et de leurs pays gangrenés par les extrémistes et perdus dans des combats incessants. De la future mariée indépendante à sa belle-famille traditionaliste, de la pratiquante religieuse à la jeune femme aux murs légères, de la progressiste à la réactionnaire, toutes les femmes sont représentées. Leurs discussions et altercations seront alors l’occasion d’évoquer la politique, les élections, l’attitude des islamistes mais aussi et surtout le rôle des femmes dans de tels environnements.

Alors que dans un premier temps, ce microcosme apparaît comme un îlot sécurisé, imperméable aux affrontements et explosions extérieurs, la réalité va progressivement venir frapper ce monde préservé. Les bruits sourds des bombes se rapprochent, le ballet incessant des impacts de balles s’intensifie inexorablement, la panique s’empare de ces êtres. Aux débats politisés, se substituent des diatribes dictées par la peur et la colère. Si l’émotion est plus palpable, le propos du métrage est plus hésitant et moins intéressant. Plus on se rapproche de l’épilogue, plus le trait est forcé, plus la caricature vient polluer un récit qui aurait mérité plus d’efficacité et moins d’artifice. Les pistes de réflexion esquissées demeurent toutefois passionnantes et nécessaires.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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