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DE ROUILLE ET D'OS

Un film de Jacques Audiard

Magnifique renaissance

Ali part s’installer avec son fils Sam à Antibes, chez sa sœur et son compagnon. Doué pour les sports de combat, il est recruté par une société de sécurité et commence par travailler comme videur dans une boîte de nuit. C’est là qu’il rencontre Stéphanie, qu’il raccompagne chez elle à la suite d’une bagarre. Belle et pleine d’assurance, celle-ci n’a que faire de lui. Jusqu’au jour où elle est frappée par un terrible accident, qui survient sur son lieu de travail au Marineland, et la prive de ses deux jambes…

Trois ans après avoir secoué le festival de Cannes avec « Un Prophète », qui révélait Tahar Rahim et décrochait le Grand Prix du Jury, Jacques Audiard revient en compétition avec un film d’un autre registre, mais tout aussi marquant. Construit autour du personnage d’Ali (Matthias Schoenaerts, révélé par « Bullhead » de Michael R. Roskam), qui cristallise tous les mystères et non-dits du film, « De rouille et d’os » relate la rencontre entre deux êtres brisés par la vie qui, au contact l’un de l’autre, vont apprendre à se reconstruire. Cette belle histoire, simple d’apparence, aurait pu se transformer à l’écran en un drame social larmoyant. Mais entre les mains d’Audiard, expert dans l’art de percer les mystères de la nature humaine, il en est évidemment autrement.

La première force de ce film est de reposer sur des personnages passionnants, écrits avec beaucoup de finesse. Car si à première vue ils s’opposent symétriquement (Ali, solitaire et silencieux, traînant derrière lui un passé mystérieux, versus Stéphanie, qui aime séduire et attirer les regards « comme tout le monde »), leur rapport est bien plus complexe, et leur progression tout au long du film suit des courbes différentes. La variable d’ajustement : le regard de l’un sur l’autre, qui évolue chez elle (à leur première rencontre, elle le regarde à peine) mais reste inchangé chez lui, même après l’accident. Il y a comme une candeur touchante chez le personnage d’Ali, brute épaisse au physique imposant qui, paradoxalement, semble voir le monde avec des yeux innocents.

Usant d’une mise en scène impeccable, Audiard évite toute envolée lyrique et agrippe le spectateur à toutes les étapes du récit. Il filme ses acteurs au plus près de leur chair, créant une extraordinaire alchimie entre leurs corps démesurément différents. Grâce à des effets spéciaux réussis, qui permettent de dévoiler les jambes atrophiées de Stéphanie avec un grand réalisme, chacune de ses apparitions frappe la rétine, rendant l’intrigue toujours plus vibrante. Mais surtout, Audiard a su s’entourer d’un casting remarquable, porté par deux acteurs magnifiques. Leur interprétation est à couper le souffle, et certaines de leurs répliques résonnent encore longtemps après la projection. Une chose est sûre : « De rouille et d’os » est un film qu’on n’oublie pas.

Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur

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