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DARK WORLD

Un film de Gerald McMorrow

Un univers détaillé mais inabouti

Dans un Londres étrange dominé par de multiple religions évolue un homme masqué à la recherche d'un « individu » qu'il s'est juré de tuer. Dans le Londres d'aujourd'hui, une jeune femme n'a de cesse de mettre en scène sa propre mort, alors qu'un jeune homme recherche un amour passé...

Sortie directement en DVD et Blu-Ray le 07 avril 2010

« Franklyn » est un film britannique, produit en 2008, qui nous conte 3 histoires en parallèle, se déroulant dans deux univers, dont on ne sait s'ils sont parallèles, séparés par un laps de temps, ou si l'un existe réellement. Et il faut dire que le spectateur a un peu de mal à faire le tri au départ. Il y a d'abord elle, Eva Green, étudiante en art, en rupture de communication avec sa mère, qui passe son temps à suicider une fois par semaine, sur son propre lit, tout en se filmant et en laissant sa propre image la regarder faire. Il y a ensuite lui, Sam Riley (« Control ») qui est obsédé par l'image de la chevelure rousse d'une fille qu'il a connu dans le passé (mais quel passé ?). Il y a enfin l'homme au masque de tissu blanc, Ryan Philippe, qui évolue dans un Londres torturé, emprunt à une folie des religions (il est devenu illégal de ne pas en avoir une), cherche à trouver et assassiner « l'individu » qui aurait tué une petite fille, et se retrouve poursuivi par des sortes de miliciens tout de noir vêtus.

Lentement, très lentement, le puzzle se met en place, laissant tout de même un peu le spectateur sur le bord de la route tellement ces trois destins semblent torturés. D'autant qu'un quatrième personnage, plus âgé, entre progressivement en jeu, portant avec lui quelques rares explications (ou plutôt interrogations). Au final, on nous livre presque deux films en un, et il est presque difficile pour le spectateur de s'intéresser au deux, ou de croire aux liens qui semblent se dessiner. Les fans de l'ambiance semi-fantastique du Londres gothique et religieux se diront que le réalisateur n'est pas allé jusqu'au bout de l'idée, ou que le scénario n'a pas su faire rentrer le fantastique dans le Londres actuel. Peut-être que le maintien de la séparation entre les deux mondes, durant trop longtemps, n'aide pas à adhérer à l'histoire, les personnages secondaires pénétrant les deux histoires de manière presque incongrue.

Heureusement le travail pictural du film est plutôt réussi. Ainsi, la chambre d'Eva Green est à l'image de son psyché, sans quasiment aucune couleur. Et le Londres religieux est à la fois proche des décors de « Dark city » ou de « La cité des enfants perdus », oppressant les personnages par d'incroyables empilements de cathédrales, églises, clochers ou statues de saints et déités. Il décrit une sorte de monde bureaucratique, dans lequel le contrôle de l'être humain est la clef du pouvoir, comme dans « Brazil ». Mais aucun indice ne transpire, et le spectateur s'impatiente face au développement de tous ces vains détails. Reste la bonne idée de la voix-off, qui fait croire à un récit écrit à part, et brouille encore plus les pistes. De quoi développer de nombreuses hypothèses, jusqu'à la fin, plutôt rapidement expédiée.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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