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BIENVENUE PARMI NOUS

Un film de Jean Becker

Même quand on a tout...

Un peintre en panne d’inspiration affiche une colère permanente, incapable de la moindre joie ou du moindre moment de partage, avec sa femme comme avec ses enfants. Sans volonté, le moindre geste du quotidien étant devenu une souffrance, il décide de s’acheter une carabine et s’enfuit de chez lui en voiture, laissant simplement une note derrière lui…

Jean Becker dispose assurément, comme il le dit, de son petit public. Sachant comme peu de cinéastes décrire le monde rural, il transforme souvent ses films en odes à la simplicité et aux braves gens. Malheureusement, un peu comme à l'image d'un Philippe Lioret, qui à force de vouloir dénoncer les dérives les plus inadmissibles de notre société en finit par devenir un rien manichéen et irréaliste (voir les libertés prises avec la déontologie par la juge interprétée par Marie Gillain dans « Toutes nos envies »), Jean Becker fait lui aussi parfois dans l'excès de bonne volonté.

Mais peut-on en vouloir à celui qui dénonce l'inacceptable ou tente d'insuffler un peu de tendresse et d'humanité dans ce monde de brutes ? Sur le fond certainement pas, sur la forme peut-être un peu, surtout quand c'est finalement la portée universelle du film qui en souffre. Car il y a en quelque sorte deux films dans « Bienvenue parmi nous ». Le premier (celui sur un homme qui en apparence a tout pour être heureux : argent, maison, famille aimante) est certainement le plus captivant, Patrick Chesnais nous invitant, par quelques dialogues plaintifs, au cœur de la dépression qui ronge son personnage. Le second (après la rencontre avec une jeune fille virée de chez elle par sa mère) est certes charmant, mais sent le déjà-vu. Le premier aurait pu donner un grand film, pour peu que l'auteur se soit réellement intéressé à ce qui ronge le personnage de Patrick Chesnais. Le second nous offre finalement un film plutôt convenu.

Sorte de road-movie situé autour d'Oléron, le dernier Jean Becker repose donc sur les épaules d'un duo d'interprètes qui fonctionne plutôt bien, chacun des personnages épaulant l'autre dans les moments les plus durs, malgré les incompréhensions liées à leur différence d'âge. Ainsi, la candeur de la jeune fille en fleur, insouciante face à une vie qui l'a pourtant déjà bien abîmée, agace de manière compréhensive le vieux râleur qui la recueille sous son aile... et qui voudrait bien s'en débarrasser au plus vite. De même, la rigidité désabusée de celui-ci désespère une jeune fille bouillonnante d'énergie. Sans surprise, le scénario mène ces deux êtres vers un espoir de nouvelle vie. Si on ne peut s'empêcher de trouver la fin évacuée un peu vite, laissant l'impression, au regard du titre même du film, d'avoir été changée in extremis (Becker aurait au moins dû développer la rencontre avec la famille de Chesnais), « Bienvenue parmi nous » reste une touchante parenthèse salvatrice servie par un acteur au sommet de son art et permettant la découverte d'un jeune talent en la personne de Jeanne Lambert...

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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