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BABYSITTING

 

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Marc Schaudel, richissime patron d’une maison d’édition, confie un soir son fils Rémy à l’un de ses employés nommé Franck, qu’il ne connait pourtant même pas. Pas de chance pour ce dernier, qui s’apprêtait à fêter ses 30 ans avec ses potes, et qui découvre que Rémy est un sale gosse capricieux… Le lendemain matin, Marc et sa femme sont réveillés par la police : Rémy et Franck ont disparu, et toute la maison a été saccagée ! Une caméra numérique, retrouvée sur les lieux, a néanmoins tout enregistré de ce qui s’est passé durant cette nuit…

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

Un benêt quelconque qui doit jouer les babysitters le temps d’une soirée pour surveiller un mioche encore plus casse-burnes que la plus casse-burnes de tes sœurs : dans la réalité, c’est un film d’horreur, mais au cinéma, c’est toujours censé faire rire ! La recette, on l’a déjà eu il y a deux ans avec le poussif "Babysitter malgré lui", et cette fois-ci, c’est à nos studios hexagonaux de tenter le coup. Au vu d’une bande-annonce plutôt marrante et d’une réputation de gros défouloir complètement assumé (le film fit un sacré effet au dernier festival de l’Alpe d’Huez, où il remporta d’ailleurs deux prix), on pouvait être confiant. Mais même si le résultat possède suffisamment d’atouts pour garantir une virée bien tordante où tout part en sucette à vitesse exponentielle, pas sûr qu’il en soit de même pour tous ceux qui, deux ans plus tôt, ont eu la chance de se fracasser les côtes de rire devant le mythique "Projet X".

Aussi crétin et démesuré puisse-t-il être, le film de Nima Nourizadeh avait eu néanmoins la grande idée de pousser son concept de mégateuf d’anniversaire vers ses limites les plus extrêmes, abusant des rebondissements les plus dingues et prenant l’allure d’un gigantesque rollercoaster sous ecstasy, entièrement guidé par la nécessité de foncer tête la première dans le mur. Pour un peu, ça frisait presque le film punk à travers un tel manifeste de jouissance à l’état pur où le sexe côtoie la défonce sans aucune attention portée à ce qui aura lieu le lendemain. Du coup, autant être aussi clair et direct que possible : "Babysitting" n’atteindra jamais un tel degré de folie, la faute à une retenue de plus en plus surprenante dans l’énergie déployée au départ.

Non pas que l’on se retrouve une fois de plus devant un concept jamais assumé ou une énième comédie française coincée du derrière, mais il y est question, comme souvent dans l’Hexagone, d’un gros délire qui envoie du lourd avant de se calmer, un peu comme des gosses qui casseraient tout dans leur chambre avant qu’on vienne leur dire de la ranger (c’était déjà l’impression laissée l’an dernier par un film comme "Les Gamins"). Ici, le tandem Lacheau/Benamou (le premier étant l’acteur principal) ne se sert de son idée de départ (un babysitting vite transformé en fête d’anniversaire qui dégénère) que pour nous resservir le traditionnel point de vue moralisateur sur l’unité familiale, l’attention d’un père pour son enfant, la quête romantique d’un héros bêta pour une fille sexy, et patati et patata…

Ce genre de détail scénaristique a le don de flinguer une grosse partie du délire proposé, surtout lorsqu’il s’injecte sous forme de pauses incongrues (et donc, à la limite du hors-sujet) au beau milieu d’un montage aussi dynamique et survolté. Car, il faut le préciser, le film joue ici la carte du found-footage déjanté, où un caméraman bien crétin filme le déroulement de la soirée. Malgré une utilité justifiée par la structure en flash-back (le couple joué par Clotilde Courau et Gérard Jugnot découvre le lendemain ce qui s’est passé chez eux), l’astuce frise tout de même le gimmick sans grand intérêt, souvent mal exploité (dans certaines situations décrites par le film, qui aurait encore le temps et l’envie de filmer l’action ?), en tout cas sans grande nouveauté conceptuelle par rapport à trop de films qui ont désormais épuisé ce concept de mise en scène à la manière d’un citron pressé.

Pour autant, si l’on passe outre ce manque d’originalité et de folie, le film maintient malgré tout un rythme assez efficace, se révèle riche en gags (même si la plupart ne font hélas rire que les acteurs du film) et propose une heure vingt de décontraction plaisante. Cependant, on insiste, si vous avez chez vous la version longue non censurée de "Projet X"" en Blu-Ray, une soirée bien arrosée devant votre home cinema vous fera sans nul doute largement plus d’effet. Enfin, moi je dis ça, je ne dis rien…

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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