Bannière Reflets du cinéma Ibérique et latino américain 2024

BABY DRIVER

Un film de Edgar Wright

Un « Drive » taille bébé, sans plus

Baby est un chauffeur très particulier : expert en conduite extrême sous l’effet de la musique qui compose sa playlist, il participe à des affaires criminelles en étant chauffeur pour des braqueurs de banque. Le jour où il rencontre la fille de ses rêves, il indique à son patron qu’il souhaite revenir dans le droit chemin. Mais au cours d’une dernière affaire qui le force à travailler avec un génie du crime, le braquage tourne mal, entraînant une cascade de péripéties…

Bon… Histoire d’aller dans le sens de cette tagline supra-ridicule qui trône en haut de l’affiche, on fera simple : oui, "Baby Driver" est un film super cool. Mais de là à le voir surpasser tout ce que le 7ème Art a pu produire en la matière, il y a quand même un monde – ce journaliste de Première n’aurait-il donc vu qu’une cinquantaine de films dans sa vie ? Pour tout dire, la sortie de "Baby Driver" – et sa réception très probablement élogieuse par une partie de la sphère critique – nous pousse à un petit examen de conscience. Est-ce que la politique des auteurs, en général associée à un cinéma étiqueté « auteur », n’aurait pas elle aussi son équivalent du côté du cinéma de genre ? Pour être honnête, et tout fan d’Edgar Wright que l’on puisse être (il y a de quoi : c’est l’un des cinéastes les plus surdoués du moment), on aimerait parfois inviter certains critiques – et ce sans prétendre détenir une quelconque vérité absolue – à redescendre un peu sur Terre lorsqu’il s’agit de parler des cinéastes qu’ils adorent. Parce qu’en regard d’autres péloches assimilables à de gros jouets débordant d’une cool-attitude royale (citons en vrac "Kingsman", la filmo de Tarantino et même les précédents films de Wright), "Baby Driver" a le relief d’un très sympathique hochet.

Au vu de son scénario (très bien structuré en soi, mais dont les enjeux narratifs sont grillés en moins d’un quart d’heure), on voit d’ailleurs d’ici le jugement que bon nombre de spectateurs vont lâcher en sortant de la projection : en gros, c’est comme "Drive" mais plus cool et moins chiant… Mouais… Ce n’est pas que Wright n’ait rien à proposer en matière de virtuosité dans les scènes d’action ou les scènes de dialogue (au contraire, c’est là-dedans qu’il excelle comme une bête), mais de là à dupliquer le concept du chef-d’œuvre de Nicolas Winding Refn en y collant un gimmick très "Gardiens de la Galaxie" dans l’âme (une playlist qui guide la destinée du héros), il ne faudrait pas exagérer. La matière narrative de "Baby Driver" ne tient que sur cette idée précise, dépourvue de tout bagage cinéphile ou symbolique, ressassant ainsi des clichés éculés du film de braquage des 80’s et reléguant du même coup son jeune héros au rang d’un lointain cousin de Star-Lord coincé dans la décennie de John Hughes. Le reste se résume à un programme qui en jette : de l’action qui fait pas mal de jolis dégâts et des seconds rôles particulièrement gratinés (mention spéciale à Jamie Foxx), le tout enjolivé dans un montage sous taurine tout à fait maîtrisé. Et ça ne va pas plus loin. Pas le rollercoaster de l’été, encore moins un chef-d’œuvre de coolitude, mais au moins une Smart plutôt bien customisée qui fait le job sans avoir le moteur d’une Maserati… Par pitié, n’en attendez pas davantage…

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire