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AU NOM DU FILS

Un film de Vincent Lannoo

Numéro d'équilibriste périlleux mais plutôt réussi du côté du ton

Une famille très catholique accueille chez elle le père Achille, qui partagera la vie de la maison pendant quelques mois. La mère, Elisabeth, anime une radio religieuse avec le père Achille tandis que son mari et son fils de 13 ans sont enrôlés dans un camp d'extrémistes catholiques se préparant à faire la guerre aux musulmans. Un jour, le mari d'Elisabeth est accidentellement tué. Jean-Charles son fils, va trouver réconfort auprès du père Achille. Jusqu'à ce que celui-ci parte mystérieusement du jour au lendemain laissant un effroyable secret derrière lui…

Il faut reconnaitre qu'il est assez couillu de faire un vigilante movie avec la religion comme toile de fond. Des comédies fustigeant la foi et ses excès, il y'en a finalement eu très peu ces dernières années. La dernière à peu près comparable au pamphlet que voici reste "We are Four Lions", film anglais qui tournait en dérision les djihadistes. Là, l'enfant terrible du cinéma belge, Vincent Lannoo pousse le bouchon encore plus loin dans le tabou puisqu'il s'agit ici de pédophilie perpétré par des prêtres.

L'histoire est celle d'une mère de famille très pieuse et investie dans la vie religieuse qui perd coup sur coup son mari et l'un de ses fils de treize ans, qui se suicide après lui avoir fait une révélation troublante : une relation qu'il nouait avec un homme d'église gracieusement accueilli par la famille. S'enchaîne ensuite une déferlante vengeance envers tous les curés accusés d'avoir abusé d'enfants.

L'installation du décor est ce qui reste le plus efficace dans le film. Lannoo joue divinement avec les ruptures de tons et dépeint tous les travers les plus mielleux et ridicules de la religion catholique. C'est délicieusement irrévérencieux en mode 100% dérision. Puis le réalisateur crée une rupture des plus inattendues invitant le choc à la blague potache. L'effet est saisissant et déstabilisant mais c'est encore très maitrisé du point de vue de l'équilibre. On marche sur un fil mais le rythme et l'aspect pamphlétaire du long-métrage séduit toujours autant.

Malheureusement le séduisant numéro d'équilibriste s'effondre dès lors qu'Elisabeth passe en mode vengeance. La catharsis qui devrait se produire comme dans les films de Quentin Tarrantino ne finit jamais par arriver, la faute peut-être à des personnages pas assez forts. Ne nous méprenons pas, Astrid Whettnall délivre une performance constante, insufflant au personnage d'Elisabeth une belle palette d'émotions, de la douceur à la colère en passant par le doute. C'est le seul personnage constamment sérieux dont les paroles ne sont pas teintées d'ironie ou de cynisme. À côté, les « méchants de l'église » ne sont que des caricatures (le prêtre interprété par Philippe Nahon, l'évêque et autres curés massacrés).

Sur le fond, les « anti-religions » se délecteront certainement de cette chasse aux curés excessive mais à prendre au sixième degré… ou peut-être pas. Car finalement le film oscille tellement entre le sérieux et l'humour, le drame et la comédie, qu'il est difficile de savoir bien exactement sur quel pied danser avec cet essai grinçant (tout comme avec "We are Four Lions" d'ailleurs) ! C'est peut-être aussi ce qui fait son charme…

Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur

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