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AMERICAN PIE 4

La queue de pie entre les mains !

13 ans se sont écoulés depuis que la promo de 99 du lycée d’East Great Falls a quitté la vie scolaire. Pour Jim et Michelle, devenus parents, la vie de couple n’est pas toujours synonyme de bonheur et d’épanouissement sexuel. La réunion des anciens élèves, occasion de retrouver toute leur bande d’amis, leur sera peut être bien bénéfique…

13 années se sont donc écoulées depuis que Jim s'est tapé une part de tarte pour la première fois. "American Pie" déboulait sur les écrans, et, même si le film n'inventait rien, il avait le mérite de remettre le teen-movie au goût du jour, tout en le dopant avec une bonne dose d'humour bien graveleux et, forcement, orienté a 200% vers le sexe. C'était comme si le cinéma de John Hugues ("La folle journée de Ferris Bueller", "Une créature de rêve") rencontrait l'univers de Johnny Knoxville ("Jackass") pour accoucher d'une comédie qui allait emballer tous les adolescents (et même certaines personnes plus âgées) de la planète. Ce qui fonctionnait dans "American Pie", c'était que le film parlait à toute une génération. "American Pie" était donc au teen-movie ce que "Scream" était au slasher.

Après une suite en 2001, honorable mais sans innovation, surfant sur la vague du premier épisode et un troisième film ("American Pie 3 - Marrions les !" - 2003) censé boucler la trilogie, la série commençait déjà à tourner en rond et la tarte sentait le réchauffé. Après quelques épisodes hors continuité se focalisant sur le petit frère de Stiffler et son cousin, ainsi que sur le père de Jim, que pouvait-on attendre du retour des titulaires ? Car la comédie américaine ayant évolué depuis, en partie grâce au premier épisode, était-il possible de revenir jouer dans la même cour, tout en restant fidèle à son public, et ne pas faire un four, à l'image de son cousin horrifique "Scream", s'étant planté avec son neo-slasher sur un marché qui ne voulait plus de lui, alors qu'il lui devait une seconde vie ? Heureusement pour nous la réponse est oui.

Treize ans se sont donc écoulés depuis que Jim s'est fait prendre en flag' par ses parents, en pleine séance de "masturbation dans chaussette" alors qu'il matait une VHS porno. La vie de nos protagonistes ayant évolué, l'ouverture de ce nouvel épisode est une forme de miroir du premier. Jim est toujours en train de se masturber, la VHS est désormais remplacée par un bon site XXX on-line et c'est désormais son fils qui l'interrompt en pleine séance solitaire (rassurez-vous, la chaussette est toujours la, d'ailleurs elle pourrait faire un bon packaging pour un futur coffret collector Blu-Ray). Au delà d'une simple madeleine de Proust censée immerger le spectateur dans l'histoire, ce renvoi pose immédiatement le postulat du récit et sa problématique. En 99, si Jim se masturbait c'est qu'il découvrait la sexualité, qu'il n'arrivait pas a se trouver une fille pour coucher avec elle. Nous avions en une scène comique de 2 minutes la base d'une aventure d'1h30. Si en 2012 Jim se masturbe, c'est qu'il doit à nouveau découvrir la sexualité, celle du couple avec enfant (n'imaginez pas là une pratique prisée des hommes politiques en vacances en Asie du sud est...), et doit retrouver le moyen de coucher avec sa femme. Les années passent, les technologies évoluent, mais les problèmes restent les mêmes. Ces évolutions technologiques sont d'ailleurs bien intégrées dans la mise en scène, notamment lorsqu'au lieu de nous montrer un flashback sur LA scène ayant fait de Jim une star (et sur laquelle la production veut à nouveau capitaliser), il suffit pour les personnages de se rendre sur Youtube.

Que le spectateur se rassure, ce nouvel American pie n'est pas seulement une pseudo réflexion sur la vie conjugale. Bien que posant plein de questions existentielles (suis-je toujours amoureux de mon flirt du lycée si j'ai encore des sentiments pour elle ? Mes amis vont-ils encore m'accepter si ma vie professionnelle n'a rien d'excitante ? "Terminator 2" est il toujours le meilleur film du monde ?) le film est avant tout une bonne grosse comédie comportant, selon la tradition, sa dose d'humour à base de sexe, de matières fécales et de quiproquos. Bien sûr, le film n'arrive jamais vraiment à la cheville d'une production Judd Apatow, mais certaines scènes valent vraiment le détour, que ce soit la mission commando pour ramener une jeune fille dans sa chambre sans que les parents s'en aperçoivent ou Stiffler partant se venger (avec un plan référence à "Apocalypse Now") d'une bande d'étudiants lui ayant manqué de respect. Ce dernier a beau ne pas être le personnage central de la série, il n'en demeure pas moins le plus intéressant, et gagne même en profondeur et en maturité. La preuve qu'une comédie avec Seann William Scott ne sera jamais un four total, et vu que ce dernier obtient enfin une certaine revanche, c'est encore plus plaisant ! Jim possėde lui aussi son "money shot" avec un full frontal à faire frémir Michael Fassbender !

Le seul défaut que l'on pourrait vraiment reprocher au film est qu'entre les scènes de comédie, le métrage ressemble un peu trop à une réunion d'anciens (mais en même temps, c'est le sujet du film). Rassemblement nostalgique aussi bien diététique que réel - cela fait bientôt 10 ans que nous n'avons pas revus certains de ces acteurs - la succession de scènes que l'on pourrait appeler "Oh salut comment ça va ? Ça faisait longtemps" peut vite nous faire décrocher. Entre l'inconsistance de certaines sous intrigues censées apporter une justification de la présence des personnages secondaires de la bande (Finch en tête) et le temps de présence de certains, digne de véritables cameos (Shanon Elisabeth doit avoir 10 secondes à l'écran), alors que d'autres, occupent une place plus importante depuis qu'ils ont explosés dans d'autres films, tel John Cho (la saga des "Harold et Kumar", le reboot de "Star Trek" de J.J. Abrams), on peut sentir un certain déséquilibre.

"American Pie 4", dont on préférera une fois de plus le titre américain d' "American Reunion" joue donc sur la nostalgie du spectateur pour toute une époque révolue, tout en restant drôle et ne trahissant jamais son matériau d'origine mais le faisant évoluer. Le premier épisode était destiné aux ados, celui-ci aux trentenaires ayant grandi avec, c'est donc ce que l'on pourrait appeler un neo-teen-movie !

François ReyEnvoyer un message au rédacteur

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