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ALL GOOD CHILDREN

Un film de Alicia Duffy

Little Mister Sunshine

Dara et Eoin, respectivement 11 et 12 ans, sont deux frères nés en Irlande et emmenés en France, chez leur tante, suite au décès de leur mère. Dans ce village où ils ne connaissent personne, ils vont faire la rencontre d’une famille anglaise expatriée et sympathiser avec la jeune fille, Bella, qui leur fera tourner la tête à tous les deux. Dara, notamment, rêve de vivre avec sa bien-aimée dans une maison abandonnée de la forêt voisine…

Pour son premier long-métrage, la réalisatrice anglaise Alicia Duffy se lance dans une histoire d’adolescents en proie à leurs premiers émois. Mais on est loin des amourettes de vacances bien proprettes, Alicia Duffy plongeant ses jeunes personnages dans les extrêmes de la jalousie, les faisant flirter avec les frontières de la folie et les limites du mal. C'est Dara (Jack Gleeson), que la mort de la mère, l’absence du père, la perte de repères vont entraîner vers un rejet de l’échec amoureux, une envie de réussite familiale, un idéal de vie à deux. Son amoureuse, Bella (Imogen Jones), est comme un papillon qui butine d’une fleur à l’autre. Ainsi, quand elle ne fréquente pas Dara, c’est vers son frère Eoin (David Brazil) qu’elle se tourne. Un triangle amoureux qui ne sera pas du goût de Dara, de plus en plus instable, possessif et sujet à un déséquilibre total…

L’excellente idée du film est d’avoir placé cette histoire dans le nord de la France, en plein été, à l’orée d’un bois où les personnages sont constamment léchés par la lumière chaude et estivale du soleil… C’est d’avoir trouver ces charmantes têtes blondes aux yeux aussi clairs que la peau de lait de la jeune Imogen Jones. C’est d’avoir confronté cette innocence et cette pureté au plus sombre des drames, au plus noir des vertiges.

Alicia Duffy installe une ambiance hitchcockienne avec ses cadrages serrés au plus près des regards, ses musiques sourdes et haletantes rendant nerveux n’importe quel spectateur dans l’audience. Il flotte ainsi une atmosphère douce-amer rappelant « La Nuit du chasseur », celle-là même qui terrifie par la seule présence tranquille de Robert Mitchum à qui on donnerait le bon Dieu sans confession, alors que se cache au fond de lui le plus diabolique des hommes.

« All good children », c’est cette frénésie de bonté qui ne peut pas durer et cette promesse du drame derrière chacune des portes qu’entrouvrent les adolescents, le spectateur fermant les yeux à chaque ouverture en se disant « jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien... ». Cannes a eu du nez en sélectionnant le film en 2010. C’était à la Quinzaine des réalisateurs. Et pour Alicia Duffy et son « All good children » jusqu’ici tout va vraiment bien !

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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