Banniere_11_films_de_separation_Saint_Valentin

ALEXANDRE

Un film de Oliver Stone

Alexandre pas tout à fait Grand

La vie d’Alexandre le Grand (Colin Farrell), narrée par Ptolémée (Anthony Hopkins). Fils du roi Philippe II, il soumit la Grèce révoltée, fonda Alexandrie, défit les Perses, s’empara de Babylone et atteint l’Indus pour établir à 32 ans l’un des plus grands empires ayant jamais existé…

Surfant sur la vague du revival péplum initiée par "Gladiator", et après "Troie", voici venu "Alexandre". Sa vie, son œuvre, ses conquêtes tant sentimentales que guerrières. Les trois heures du film suffisent à peine à rendre compte de l’ampleur du mythe, et ceci est palpable dès la première bobine : l’histoire est narrée par un Anthony Hopkins navrant, et sa voix off lourdingue, qui va jusqu’à raconter les premières conquêtes du Roi sans que celles-ci soient le moins du monde illustrées, n’étaient-ce que par des pointillés sur une carte.

Cette dilution du récit dans la parole se ressent surtout au travers d’épuisantes et insipides scènes dialoguées, théâtrales au possible, où les personnages existent par leurs états d’âmes plus qu’ils ne sont incarnés vraiment. D’autant que les dites scènes s’abandonnent à la sensiblerie et au lyrisme de mauvais aloi, et si les acteurs ne déméritent pas (même s’il faudrait que quelqu’un explique à Stone qu'Angelina Jolie est un poil trop jeune pour incarner la mère de Farrell), la faute en revient surtout à un réalisateur que l’on a connu plus incisif. Le tranchant de Stone se retrouve épisodiquement lors d’une première bataille où la cruauté du monde antique est représentée avec force, malgré un montage à la hache et des plans plus brouillons que nerveux.

La seconde moitié du film est plus convaincante, à mesure que Stone abandonne le luxe kitsch de ses décors babyloniens, pour suivre son héros dans les plaines inhabitées de l’Orient. Là, nos héros sont confrontés aux doutes, trahisons et tentations diverses, et le film gagne en ambiguïté, en mysticisme, et vient saisir en creux la nature profonde d’Alexandre. Cette hausse qualitative est cependant loin de nous faire vibrer les sens, avec néanmoins un sursaut inspiré lors de la bataille finale contre les éléphants, morceau de bravoure tumultueux, qui laisse nombre de regrets quant à ce qu’aurait pu être "Alexandre". Autre chose d’autrement plus puissant et profond que ce film plat et pompeux.

Thomas BourgeoisEnvoyer un message au rédacteur

À LIRE ÉGALEMENT

Laisser un commentaire