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ABSOLUTELY ANYTHING

Un film de Terry Jones

Il fût une époque où Monty Python était synonyme d’humour…

Neil Clarke n’a plus vraiment beaucoup d’espoir dans la vie, devant se contenter d’aimer une voisine qui est à peine consciente de son existence, et d’un emploi de professeur qui ne le rend plus vraiment heureux. Mais son destin va complètement être chamboulé le jour où des extraterrestres vont lui donner des pouvoirs infinis. Sauf que ses agissements pourraient bien avoir des conséquences sur l’avenir de l’humanité…

Dire que la sortie de "Absolutely Anything" était plus qu’attendue est presque un euphémisme tant le métrage avait titillé la sphère cinéphile à chacune de ses annonces. Dernière participation de Robin Williams à un film, dernière collaboration des Monty Python à en croire les intéressés, cette comédie déjantée devait être la petite pépite estivale, celle qui deviendra un objet de culte avec plus d’années au compteur, le final grandiose et burlesque d’une odyssée tordante. Malheureusement, cette prophétie ne sera que chimérique, le conditionnel ne devenant jamais futur. Car malgré un postulat fort prometteur, les gags ridicules et insignifiants viennent rapidement polluer un récit déjà bien faible.

Un conseil d’extraterrestres (les Monty Python themselves) en a marre de voir les humains gâcher leur belle Terre. Alors, avant de réduire notre planète bleue en cendres, ces derniers vont nous accorder une dernière chance dans un élan de générosité : tester un seul homme pour vérifier si tout le reste de l’humanité mérite de vivre. Et cette malédiction va s’abattre sur un professeur raté, invisible aux yeux de sa belle voisine et ankylosé dans un quotidien monotone et solitaire. Sauf que la punition s’avère plutôt être un miracle, l’homme ayant les pouvoirs de faire absolument tout ce qu’il veut, ce qui se traduira aussi bien par devenir Premier ministre que d’avoir un énorme appareil génital et des abdominaux en acier.

Mais de cette histoire fantaisiste et fantasque, Terry Jones n’en tire qu’un objet cinématographique particulièrement laid et stupide, jamais subversif, à l’humour plus bon enfant que décapant. Or, c’est bien la dernière chose qu’on attendait de lui. Cette romcom aux seconds rôles catastrophiques ne cesse de plonger dans le néant de l’humour, là où une crotte qui marche est censée susciter les fous rires, là où les blagues sur un pénis sont censées encore titiller nos zygomatiques malgré des ressorts complètement désuets. Face à ce spectacle burlesque d’une piètre qualité, le film préfère persister dans une intrigue romantique niaise que de s’emparer de la puissance corrosive du récit.

Et c’est là toute la tragédie de cette bouffonnerie restée bloquée dans les années 80 : le fantôme des Monty Python hante les vannes grotesques et les situations caricaturales. Sauf que ce spectre est dépourvu de toute la veine corrosive et du mordant qui animait jadis les productions de cette bande de joyeux lurons. Si les enfants devraient sourire à plusieurs reprises, les parents ressortiront attristés, nostalgiques d’une époque où la folie de cet humour british trouvait une véritable caisse de résonnance à l’écran. Alors oui, le meilleur rôle est bien celui de Robin Williams ; oui, Simon Pegg parvient à éviter le naufrage total. Mais cette consolation est bien maigre…

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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