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À TOUT JAMAIS

Un film de Nic Balthazar

Une histoire vraie face à laquelle il est impossible de rester insensible…

Mario a toujours été un joyeux vivant, mais avec des idées bien tranchées voire radicales. Et puis, il s’est assagi, s’est marié, a eu un enfant. C’était la belle vie aussi. Malheureusement, le rêve est devenu cauchemar après un divorce et une sclérose en plaques qui aujourd’hui le pousse à mener un autre combat : le droit à l’euthanasie…

Parfois, le hasard fait bien les choses. À l’heure où l’Assemblé nationale a initié un débat sur la fin de vie, « À tout jamais », qui retrace l’histoire vraie de Mario Vestraete, premier belge à s’être servi de la loi sur l’euthanasie pour mettre fin à ses jours, sort sur nos écrans trois ans après sa sortie en Belgique. Le drame dresse le portrait d’un homme joyeux, amoureux de la vie, dont la maladie le poussera à demander le droit à mourir. Mais plus qu’un malade, ses convictions politiques et son militantisme l’ont poussé à se battre de nombreuses années en faveur de l’euthanasie. Et derrière ce combat, c’est à l’humain que s’est intéressé le cinéaste, replaçant le débat à hauteur d’homme.

Si la mise en scène convenue et banale n’est qu’anecdotique, le sujet fort permet aux comédiens de se mettre en valeur en alternant des scènes poignantes avec des saynètes caustiques dans lesquelles l’humour des personnages est ravageur, en particulier dans les pires moments. Surtout, le film a réussi à trouver le ton juste pour raconter cette histoire, sans sombrer dans le sentimentalisme ou le voyeurisme, et en mêlant l’intime à la lutte politique. Ode à l’amitié et fable humaniste, « À tout jamais » parvient à capturer la maladie avec une légèreté attendrissante, un regard bienveillant sur cette bande d’amis dont l’un des leurs voit sa chair dépérir de jour en jour.

Indéniablement moins maîtrisé que les récents « Quelques heures de printemps » ou « Miele », le métrage s’est peut être trop effacé derrière son sujet, écrasé par le poids des débats entourant l’euthanasie. En dépit de la compassion évidente qu’on ressent pour le protagoniste, il manque une certaine rage au film pour complètement provoquer l’engouement des spectateurs. Malgré un épilogue un brin trop larmoyant, ce drame sensible demeure un exercice réussi qui permet de révéler une belle brochette d’acteurs.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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