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À MOI SEULE

Un film de Frédéric Videau

L’histoire appartient à celui qui la vit

Gaëlle a été enlevée par Vincent alors qu’elle avait 10 ans. Sa vie ne se résumait plus qu'à passer ses journées dans une cave le jour, puis à tenir compagnie à son ravisseur en fin de journée et la nuit. Jamais maltraitée et comblée de tout ce qu’elle désirait – matériellement parlant -, son calvaire prend fin, huit années après son enlèvement…

Le récit que nous propose Frédéric Videau n’est pas sans rappeler celui de Natasha Kampusch, la jeune autrichienne qui a elle aussi été enlevée et séquestrée pendant huit ans (bien qu’il soit précisé au début du film que les faits narrés ne sont que pure imagination et non une tentative de reconstitution de faits réels). Celui-ci nous emmène donc dans le passé de cette jeune fille, dont la vie a été à jamais altérée par la folie d’un homme. Et comme pour mieux se concentrer sur le quotidien de la jeune prisonnière en compagnie de son bourreau et sur la reconstruction de la jeune femme, le réalisateur a choisi de se débarrasser de son dénouement dès les premières minutes du film.

Faisant alterner les flash-back et les retours à la vie « normale », il nous invite à être les témoins de scènes du quotidien, plus ou moins difficiles et toujours ambiguës : entre haine et complicité, rapport de force et manipulation, mal-être et malaise... Le tout toujours avec des plans serrés sur les visages crispés de chaque protagoniste et leur regard qui vaut plus que de longs dialogues.

Agathe Bonitzer (vue précédemment dans « La Belle personne », « Un chat un chat » ou « Bus palladium ») est incroyablement hypnotique. Elle joue, avec une certaine froideur, une jeune femme extraordinairement forte, jamais soumise ou résignée. Et cela principalement par son jeu de regards immensément profond.

On regrettera néanmoins la façon dont Videau filme ses personnages, l’ambiance faisant parfois penser à un téléfilm des années 80 et la musique se résumant à du synthétiseur joué avec un seul doigt. Le film manque cruellement d’émotion, un point de vue certainement volontaire, car contrairement à tous les personnages qui portent un jugement sur l’histoire de Gaëlle, même sans la connaître, le réalisateur pour sa part semble vouloir garder une certaine distance et une neutralité. Malheureusement, en ne générant aucune émotion, il ne crée aussi aucune réelle atmosphère de tension.

Véronique LopesEnvoyer un message au rédacteur

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