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4 MINUTES

Un film de Chris Kraus

Après La vie des autres et De l’autre côté, Quatre minutes confirme une fois de plus que le cinéma allemand se porte bien.

Une professeur de piano donne des cours dans une prison pour femmes et découvre que l’une des pensionnaires a un talent particulier pour la musique. Elle décide donc de l’aider et de lui faire passer un concours. Commence alors un rapport difficile et ambigu entre l’élève et le maître…

Les deux personnalités, apparemment opposées, se confrontent d’abord violemment. D’un côté, la vieille professeur à la discipline de fer, aux lunettes ne laissant transparaître qu’un regard froid et indifférent, et qui ne jure que par Schubert, Mozart et Schumann. De l’autre, une jeune femme sauvage et insolente pour qui le piano devient un instrument de transe aux rythmes obsédants à la Keith Jarrett. Le premier contact n’est donc pas sans incident. Puis, au fil des images, les masques tombent, les passés resurgissent tandis que la jeune pianiste approche inexorablement de la finale du concours… La suite ne doit pas être dévoilée dans ces lignes…

Il y a des films que l’on oublie quand la lumière se rallume à la fin de la projection. Il y a ceux qui tiennent jusqu’à la porte de sortie et ceux qui durent quelques jours, voire quelques mois. Et il y a ceux qu’on n’oublie pas. « 4 minutes » fait partie de cette dernière catégorie, car il touche à une vérité tellement difficile à atteindre et à saisir ! Le film soulève des questions importantes. Quel est le rôle de l’art, et ici, de la musique ? L’art peut-il donner un sens à la vie, et comment ? L’art est-il un moyen de s’affirmer en tant qu’individu, et jusqu’à quel point ? On ne peut évidemment pas répondre objectivement à ces questions. On ne peut se fier qu’à notre ressenti, notre vécu et nos impressions pour tenter d’y répondre.

Les doutes et les émotions des personnages deviennent les nôtres. Nous vivons leurs joies et leurs désillusions, en écho peut-être à notre propre histoire. Sans affirmer des vérités préconçues sur le sens de la vie, le film se termine sur un espoir, celui du sens de notre existence, l’espoir que ce sens existe, et la conviction qu’il faut le chercher, au risque de se perdre. Et ce cheminement de pensée, déjà bien philosophique, n’est provoqué que par les émotions que nous suscite ce film, ces personnages et leurs incroyables parcours. Qu’un film puisse faire ressentir à ce point ce qu’il y a de plus humain en nous est une qualité rare dans le cinéma d’aujourd’hui.

« Quatre minutes » est ma première critique. C’est surtout le film qui m’a le plus remué, le plus touché, et je parle de tous les films que j’ai vu depuis mon plus jeune âge jusqu’à aujourd’hui, autant dire que ça en fait beaucoup. De même que ce film résonne en moi comme une évidence, la note quatre est aussi une évidence. Mais plus que tout autre film, celui-ci ne mérite pas d’être noté, il mérite d’être vu et vécu.

Rémi GeoffroyEnvoyer un message au rédacteur

COMMENTAIRES

jrt

dimanche 20 décembre - 6h31

J'aurais aimé être l'auteur de cette critique qui s'extrait du film lui-même , ou plutôt qui en fait le centre d'un questionnement philosophique : quel sens donner à sa vie ! s'approcher de sa légende personnelle...

Très beau film, en effet, qui vous marque et qui élève l'âme si tant est que celle-ci existe.

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