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300

Un film de Zack Snyder

Esthétique éblouissante pour film bancal

Le récit épique de la bataille des Thermopyles, durant laquelle 300 soldats spartiates accompagnèrent leur roi Leonidas, pour tenir tête aux millions d’hommes de l’armée perse…

"300" est sans conteste l'un des films les plus attendus de l'année 2007. Picturallement superbe,adapté du travail graphique de Frank Miller, déjà à l'origine de "Sin City", le film baigne dans une ambiance surréaliste, ciel et décors sombres et torturés étant assortis avec le noir destin annoncé pour les fameux guerriers par l'oracle consulté. Ultra violent, il accumule les cadavres dont il présente les giclées de sang dans de lugubres ralentis. Ainsi Zack Snyder, réalisateur de "L'Armée des morts" (remake remarquable du film de Romero) semble éprouver un certain plaisir à filmer ce carnage organisé, où nos héros, comme dans un jeu vidéo, affrontent des adversaires de niveau de plus en plus élevés. Mais contrairement à un "A Bittersweet Life", cette débauche d'hémoglobine nous fait rapidment totalement oublier tout enjeu humain derrière la bataille.

Au final, on peut dire que le scénario tient sur un post it, le seul enjeu dramatique véritable du fim étant de savoir si le potentiel traitre, le plus laid (bien entendu) des spartiates, va trahir ou non les siens. Côté image, les physiques sont très soignés, contribuant à la noirceur affichée du film. Les visages et les yeux ont été retravaillés, les décors artificiels sont lugubres, qu'il s'agisse de cités fortement minérales, de paysages ou de cieux orageux. Et les hommes musclés, parfaits sculpturalement parlant, mais épilés sur tout le corps, leur seul signe de virilité résidant parfois dans une barbe fleurissante, occupent l'écran de manière assez obsessionnelle. Ils transpercent vaillamment leur adversaires de leur fières et droites lances! Les psychologues y verront certainement un symbole sexuel, mais nous ne nous engagerons pas plus loin sur ce chemin, même si, force est de constater que dans les scènes de sexe également, c'est le corps de l'homme qui est le mieux mis en valeur...

Le méchant, lui, est noir... et les rires fusent lorsqu'il apparaît dans son accoutrement fait de piercings et de joyaux... d'autant que sa manière d'approcher le viril héros, évoque de douteux moeurs de la part de celui qui se prétend divin. Côté dialogues, on se surprend à parfois sourire face à quelques tirades symboles d'une bravoure échevelée. Gerard Butler, remarqué dans "Dear Frankie", donne une certaine stature au Roi, ironique et fier, mais ses traits d'humour ne sont pas forcément les bien venus, car ils rompent avec le sérieux de l'histoire et anéantissent tout sérieux et potentiel dramatique. D'autant plus que la virilité sans merci est affichée d'emblée comme un principe d'éducation, par la rocailleuse voix-off qui accompagne ce récit de légende. Au final, on se dit que Snyder n'assume pas jusqu'au bout ses choix. Montrer de la boucherie (efficace en diable), ou encore de paisibles champs de blé (comme dans 'Gladiator'), ne suffit pas pour construire une grande tragédie. Et malgré un discours final plus ouvert, le tout a du mal à être pris au sérieux.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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