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127 HEURES

Un film de Danny Boyle

Huis clos anxiogène dans les rocheuses

Aron est un passionné d’alpinisme et un amoureux de la nature, préférant la solitude des grands espaces à sa petite vie citadine. Lors d’une balade dans les canyons de l’Utah, il va rester emprisonné dans une crevasse. Seul et physiquement coincé, il va passer les 127 heures les plus longues de sa vie…

Après le très oscarisé « Slumdog millionaire », Danny Boyle remet la main à la pâte pour un film plus intimiste, moins misérabiliste, tout en restant fidèle à lui-même : un fervent croyant en le courage de l’homme face aux obstacles de la vie. Ici, c’est plutôt le combat de l’homme contre la nature qui est mis en scène, dans un fabuleux huis clos entre James Franco et lui-même (ou James Franco et un très gros caillou !).

« 127 heures » est une véritable expérience sensorielle, où Danny Boyle réussit à effacer toute distance entre le personnage et le spectateur, tous deux pris au piège par une nature dévorante et aride. L’immense douleur, la baisse d’espoir au fil des heures, le besoin de laisser sa trace, l’affaiblissement du corps et de l’esprit, le renoncement, tout est filmé au plus près, pour qu’à aucun moment, les spectateurs ne puissent respirer. Sans jamais donner dans l’empathie, Boyle nous fait ressentir les moindres émotions et pensées de son personnage face à l’adversité. Et en tant que spectateur, la question de ce que l’on aurait fait à sa place est entière.

Si « 127 heures » peut être comparé à « Buried » par le point commun de l’emprisonnement d’un personnage et sa lutte pour sa propre survie, là s’arrête le parallèle entre les deux films. Même si la tension et la sensation d’enfermement et d’angoisse du spectateur sont palpables, elles ne sont pas tout à fait comparables. Le tour de force de Rodrigo Cortes est certes plus impressionnant, mais Danny Boyle arrive à créer une tension toute aussi stressante, sûrement dûe au fort pouvoir d’identification et à la plausibilité de la situation.

Côté casting, Boyle a choisi de tourner avec un acteur encore peu habitué des premiers rôles. Plus connu pour jouer les seconds couteaux, comme Harry Osborn dans « Spiderman » ou Scott Smith dans « Harvey Milk », que pour son travail de courts métrages, James Franco va enfin attirer les projecteurs sur sa carrière. « 127 heures » sera certainement une consécration pour lui, porté par le nom d’un réalisateur britannique fortement médiatisé et par une histoire qui attire la sympathie (bien qu’il ne fasse pas le poids contre Javier Bardem ou Colin Firth dans la course aux Oscars).

Les détracteurs de « 127 heures » reprocheront à Boyle d’avoir utilisé des plans imitant une pub pour un soda pour montrer la soif de son personnage, de s’être attardé sur une scène hallucinatoire à un moment où le personnage, affaibli, se prend à rêver de son échappée, d’avoir trop sublimé la nature, de garder un côté ‘clipesque’… peu importe. Il a réussi à nous faire passer ces ‘127 heures’ entre tension et introspection, les sens en ébullition.

Véronique LopesEnvoyer un message au rédacteur

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