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PARCOURS : James Cameron, king of the world

Cinéaste de talent, dont chacun de ces films s’est vu récompensé d’un succès à la fois critique comme public, James Cameron a toujours su répondre aux attentes de son public tout en restant fidèle et intransigeant quand à sa vision du cinéma d’exploitation moderne. Celui que tout le monde attend au tournant, après une « absence » de 12 ans depuis le paquebot cinématographie "Titanic", est rentré dans le milieu du cinéma avec une certitude en tête : Il pouvait faire mieux que ce qu’il voyait à l’écran…et il comptait bien le prouver.

Ce qui transpire dans tous les films de Cameron (même le premier "Piranha 2", le seul loupé, le seul navet de sa carrière, mais nous y reviendrons), c’est une volonté d’arriver à son but coûte que coûte, peu importent les moyens, peu importent les contraintes. Si Big Jim (comme on l’appelle) a une vision, soyez sûr que vous allez la voir sur votre écran et que vous en aurez pour votre argent. Comme il le dit lui-même : « On dit de moi que je suis perfectionniste, mais c’est faux. Je recherche juste à bien faire les choses. Je le fais jusqu’à ce que ça soit bien fait, puis je passe à la suite ». Pour cela, Cameron va acquérir très rapidement (dès "The Terminator") une réputation de réalisateur difficile à vivre et très exigeant. Sur chaque tournage, on peut voir des techniciens arborant des T-shirts exprimant leur fatigue et la difficulté de leur boulot, comme « Je peux tout supporter : j’ai travaillé avec James Cameron » ou « Terminator 3 ? Pourquoi pas, mais sans moi ! ». Mais Cameron n’est pas un tyran, car s'il est conscient de cette discipline, il se l’impose également : « Je pousse les gens à obtenir le meilleur d’eux-mêmes et je m’applique la même chose. Si je rentre à la maison en fin de journée et que mes mains ne sont pas noires, j’ai l’impression d’avoir gâché une journée ».

Passionné de sciences, c’est logiquement vers ce genre cinématographique que sa carrière va débuter. Dès "The Terminator", on va retrouver des thèmes récurrents qui reviendront tout au long de sa carrière (et elle est loin d’être terminée, pour notre plus grand plaisir). Cameron a une idée bien définie sur les rapports entre l’être humain et la technologie. On retrouvera donc souvent dans ses films une catastrophe, un événement négatif qui en découle. Mais le/les héros trouveront leur salut, la victoire, après avoir compris et utilisé à bon escient la technologie qui en est à l'origine. Ainsi, dans "Aliens", les marines sont décimés par les extraterrestres car ils se reposent sur une puissance de feu technologique devenue inutile. Mais Ripley s’en sortira en apprenant à « apprivoiser » et à utiliser ces armes. Dans "Titanic" c’est une trop grande confiance de l’être humain et en sa « supériorité » sur la nature grâce à la technologie qui coûtera la vie de milliers de personnes, mais c’est également le télégraphe qui sauvera la vie d’une centaine. C’est la façon dont nous pouvons maîtriser les sciences sans qu’elles nous maîtrisent (que nous en soyons dépendants) qui intéresse Cameron.

On en retrouve peut être un écho dans sa vie conjugale (5 mariages en 30 ans…dont l’une de ses productrices, Gale Anne Hurd, 2 de ses actrices, Linda « Terminator » Hamilton et l’actuelle Suzy « Titanic » Amis et une réalisatrice Kathryn Bigelow), mais ce qui ressort le plus de la filmographie de James Cameron, ce sont les personnages féminins. Dans tous ses films, le rôle féminin est très important et (très souvent) le mieux écrit. C’est ce qui réussira à convaincre Sigourney Weaver de rempiler pour "Aliens" après le film de Ridley Scott. A chaque fois cette femme va devenir une guerrière prête à tout pour défendre sa famille ou ses amis (Anne dans "Piranha 2", Sarah Connor, Helen Tasker dans "True Lies", Mace dans "Strange Days" de Bigelow…et même Ripley en défendant sa « fille d’adoption » dans "Aliens") ou une cause pour laquelle elle sera prête à donner sa vie s'il le faut (Co Bao dans "Rambo II", Lindsay dans "The Abyss" et même Rose dans "Titanic"). Une chose est sûr, mieux vaut ne pas se trouver sur le chemin d’une héroïne caméronienne si elle en a après vous !

Si vous regardez l'oeuvre de Cameron dans son ensemble, vous remarquerez qu'il y a d'autres thèmes. Le sujet du nucléaire (en dehors de "Titanic" forcément) en est le principal. La bombe atomique est le point de départ de "The Terminator" (et de sa suite), c'est également un moyen envisagé pour tuer les aliens et une menace dans "Abyss" et "True Lies". Et puis, Cameron aime glisser des plans qui sont l'équivalent d'une signature, d'une marque de fabrique. On trouvera à chaque fois un personnage (le héros de préférence) qui se fait mordre au bras (Michael Biehn dans chacun de ses films), une scène d'action dans laquelle l'un des protagonistes passe à travers une vitre (il se cite lui même en réutilisant quasiment le même plan dans les 2 "Terminator" et dans "True Lies")...C'est aussi un adepte du montage « propre », bien que cadrant ses scènes d'action de très près (et donc à l'opposé du montage « en cut » trop présent de nos jours). Le dernier point important reste l'utilisation, dans sa mise en scène, de plans proposant la vue à la première personne : c'est bien entendu le cas lorsque l'on adopte le point de vue du robot tueur/protecteur, mais également avec les caméras portatives des marines d' "Aliens", de l'extraterrestre de "The Abyss" ou du paquet de cigarette de "True Lies". Même "Titanic" possède ce plan « signature » qui aura inspiré beaucoup de monde dans le domaine... du jeu vidéo.

Si l'on doit qualifier le cinéma de Cameron, on peut parler de gigantisme et d'un cinéma qui repousse ses limites. « Bigger, Better and Louder » (« Plus Gros, Meilleur et plus fort ») est un peu son credo. Il est le premier a dépasser la barre des 100 millions de dollars de budget avec "T2" (et au passage révolutionne le système de distribution...de la même façon que "Jaws" / "Les Dents de la mer" en 75). Il est le premier a dépasser celle des 200 millions avec "Titanic" et inaugurera celle des 300 millions avec "Avatar". S'il ne l'avait pas fait, un autre aurait pris sa place, sans aucun doute. Mais face à un tel pionnier, accordons-lui cet honneur : avec lui, chaque dollar se voit à l'écran (même si un gros pourcentage passe dans le salaire de Schwarzy). Comme George Lucas, il va créer sa compagnie d'effets spéciaux, Digital Domaine, pour pouvoir donner vie à ses fantasmes de conteurs (le T-1000) et sait attendre le moment opportun pour tourner ses visions scénaristiques ("Avatar" est écrit depuis plus de 10 ans, mais il aura fallu attendre les effets développés pour "Le Seigneur des anneaux" pour pouvoir lancer la production). Il ira jusqu'à créer des décors gigantesques et fidèles au modèles d'origine pour "Titanic ", son oeuvre dantesque. Pour l'anecdote, Cameron avait scotché des lames de rasoir sur le côté de la table de montage avec l'inscription « À utiliser si le film craint ».

Après 12 ans d'absence dans le cinéma d'exploitation, Jim Cameron est donc prêt pour la seconde partie de sa carrière. La technologie actuelle lui permettant enfin de réaliser ses fantasmes de cinéphiles. Nous devrions nous attendre à de nouveaux chef-d'oeuvres du maître, dont "Avatar" n'est peut être pas le messie, mais bel et bien le prophète annonciateur.

François Rey Envoyer un message au rédacteur

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